Une Smart Home ne se résume pas à des gadgets et des applis

L’avenir du secteur de l’habitat est à la Smart Home. Mais qu’est-ce qu’une Smart Home? À l’occasion du festival scientifique Salon Public 2021 de Berne, des expertes et des experts ont donné un aperçu passionnant de la façon dont nous nous logerons à l’avenir. 

Comment fonctionne une Smart Home? S’agit-il uniquement de technologies numériques ou de bien plus que ça? Un habitat piloté automatiquement a-t-il des conséquences sur notre propre confort? Comment vivrons-nous à l’avenir? 

 

Christian Pfab a fait partie d’un groupe d’experts au Salon Public en tant que spécialiste en automation des bâtiments.
Les locataires peuvent aussi faire un premier pas vers la Smart Home en misant sur une installation photovoltaïque, estime Christian Pfab.

Un groupe de cinq experts a répondu à ces questions et à bien d’autres lors du Salon Public 2021. Ce groupe réunissait Peter Richner, directeur adjoint de l’institut de recherche Empa, Christian Pfab, responsable Automation chez BKW Building Solutions, Stefanie Teufel, directrice du Smart Lab de l’Université de Fribourg, Birgit Wilkes, directrice Télématique du bâtiment* à l’Université de Siegen, et en invité d’honneur le chercheur de Stanford et fondateur de ReGen Villages James Ehrlich. 

 

Le tout-numérique seul n’a rien d’intelligent

«On s’imagine une maison bardée de gadgets commandés par une appli»; c’est ainsi que Peter Richner a démarré sa conférence, avant de montrer qu’une Smart Home n’est pas seulement constituée de solutions numériques.  

 

Ainsi, une Smart Home implique également des processus de construction intelligents, dans lesquels les matériaux de construction d’anciens bâtiments sont réutilisés. Une Smart Home ne doit pas émettre de CO2 et doit disposer de systèmes d’énergie intégrés afin de permettre un échange entre les excédents et les déficits d’énergie

 

Des technologies analogiques et numériques innovantes viennent s’ajouter à cela. Mais les habitants restent au cœur du projet: «Un bâtiment intelligent est sécurisé, confortable et attrayant.» 

 

Des processus de construction obsolètes ralentissent le progrès

La table ronde qui s’est ensuivie a cependant démontré que la mise en œuvre des Smart Homes coinçait encore un peu. Le progrès serait contrarié d’une part par des processus de construction obsolètes et un nombre excessif de prescriptions sur la construction: «Les bâtiments tiennent en place très longtemps, le cycle de construction est lent. À l’inverse, l’évolution technique est très rapide», a expliqué Christian Pfab.

 

Selon lui, il faudrait intensifier les échanges entre les inventeurs de technologies novatrices et le secteur de la construction.  

D’autre part, les Smart Homes sont souvent l’objet de préjugés, comme l’a exposé Birgit Wilkes. Beaucoup ont ainsi l’impression que seuls les riches pourraient se permettre une Smart Home. Selon elle, une des raisons de ce préjugé tient à la publicité, qui dépeint toujours la même image parfaite d’une famille heureuse avec maison individuelle et SUV. Ce qui ne correspond pas à la réalité. Il est déjà possible d’installer des éléments de Smart Home avec des moyens modestes. 

Christian Pfab mise aussi sur les propriétaires et les locataires: «Ils disposent d’un levier, ils peuvent soit installer eux-mêmes une installation photovoltaïque, soit faire pression sur leur propriétaire», a-t-il expliqué. La mise en place de sa propre installation photovoltaïque est par exemple un premier pas vers une Smart Home, et aussi vers une Green Home. 

 

* La télématique du bâtiment désigne la mise en réseau intelligente de différents systèmes au sein de bâtiments.