Lorsque les humoristes anglais Jamie MacDonald et Julia Sutherland parcourent la Suisse pour l’organisation touristique locale, ce ne sont pas les villes incontestablement passionnantes et leur vaste offre culturelle et de loisirs qui sont au premier plan. Les principales attractions des clips sont la forêt, les paysages colorés, le calme et le panorama spectaculaire. En bref: la nature et l’environnement intacts.
Ce sont aussi la nature et l’environnement qui tiennent particulièrement à cœur à la population suisse lorsqu’il s’agit de sa vision d’avenir, et qui l’incitent en parallèle à agir dans le respect du climat. C’est ce qu’a montré l’enquête représentative «Un avenir où il fera bon vivre», réalisée par l’institut de sondage d’opinion Sotomo pour le compte du fournisseur de prestations énergétiques et de services d’infrastructure BKW auprès de 3’935 citoyennes et citoyens en Suisse et en Allemagne. Pour les habitants de notre pays, une nature intacte est indispensable. Il s’agit maintenant de traduire cette attitude positive en actions concrètes par des initiatives adaptées afin de préserver réellement ces espaces de vie attrayants.
Une nature et un environnement intacts avant tout
L’enquête menée l’année dernière s’est penchée sur ce qui pousse les gens à agir de manière respectueuse du climat, sur le sens qu’ils y donnent et sur ce qui est nécessaire pour construire un avenir où il fera bon vivre. Ce qui est particulièrement frappant, c’est la conception de la prospérité au sein de la population suisse, qui accorde aujourd’hui clairement la priorité à une nature et à un environnement intacts, bien avant le souhait de concilier vie professionnelle et loisirs, de pouvoir voyager ou d’avoir de l’argent pour s’offrir de belles choses. La proximité avec la nature se reflète également dans l’exigence d’un accès facile à la nature ou l’aspiration répandue de vivre en zone rurale. Cette question révèle également une différence significative entre les résultats venus d’Allemagne et de Suisse.
«En réalité, ce résultat n’est pas si surprenant et s’explique par la grande prospérité et le lien traditionnel avec la nature de la population suisse», confie Michael Hermann, directeur de Sotomo. En Suisse, la nature et ses paysages remarquables ont toujours joué un rôle important dans la construction identitaire, comme le montre également la campagne touristique mentionnée ci-dessus. Il n’est donc pas étonnant que les gens se préoccupent de plus en plus de leur espace de vie aujourd’hui, alors que les effets directs du changement climatique se font déjà nettement sentir sous forme de vagues de chaleur ou d’intempéries.
D’autre part, les réponses reflètent également l’importante prospérité matérielle dont dispose la Suisse. Le contraste avec les résultats de l’Allemagne, où les voyages et l’argent occupent les premières places du classement en matière de prospérité, est particulièrement remarquable. «Malgré la hausse des prix et l’augmentation continue des primes des caisses-maladie, la population suisse se porte toujours très bien dans l’ensemble», explique M. Hermann. Selon lui, la population suisse est aussi confiante dans le fait que les conditions-cadres dominantes ne changeront pratiquement pas à l’avenir. Et tant que les finances ne lui causent que peu de soucis, elle se préoccupe davantage de biens immatériels.
«Une grande partie de la population suisse considère déjà le bien-être matériel comme acquis. Mais l’ambiance peut rapidement basculer si les coûts s’accumulent», explique le responsable de Sotomo. Dans ce cas, les autres préoccupations ne seraient certes pas complètement oubliées, mais elles passeraient peut-être un peu à l’arrière-plan. Ce phénomène est également apparu par le passé dans d’autres enquêtes.
En Suisse aussi, il est difficile de renoncer
Malgré une conscience écologique accrue en Suisse, les décisions prises dans le pays ne sont pas toujours cohérentes lorsqu’il s’agit d’actions s’inscrivant dans le quotidien et, par conséquent, de restrictions en faveur de l’environnement. Il est frappant de constater que renoncer semble difficile, surtout dans le domaine de la mobilité quotidienne. Un comportement respectueux de l’environnement serait facilité par des incitations financières ou par le biais de nouvelles technologies durables. «Mais si on leur présente une facture à ce sujet, les Suisses et Suissesses aussi s’écartent rapidement de leurs idéaux, même s’ils savent que le changement climatique est en train de se produire», explique M. Hermann. Cette attitude a été constatée aussi bien chez les personnes âgées qu’au sein des jeunes générations.
Dans ces conditions, mettre en œuvre des mesures climatiques qui pèsent sur le budget du ménage relève d’une prouesse. Le système politique joue un rôle essentiel en accordant à ses citoyens et citoyennes de nombreux droits de participation et de décision. À cela s’ajoute le fait que les prescriptions légales et les interdictions rencontrent de toute façon peu d’écho au sein de la Confédération, comme l’a confirmé une nouvelle fois l’enquête actuelle. «Ce qu’il faut, c’est de la sensibilisation. Il faut faire goûter aux gens les aspects positifs du changement d’avenir», affirme Christiane Varga, futurologue et experte des tendances. Sur le long terme, cette procédure est également moins coûteuse que d’imposer des interdictions aux gens. Ce projet n’est toutefois pas facile à réaliser. «Beaucoup de gens ont peur du changement, et pas seulement depuis le bouleversement climatique», explique Christiane Varga. Il faut donc d’autant plus montrer la marge de manœuvre que l’avenir nous offre. «Et que le façonner ensemble est enthousiasmant.»
Cette peur de l’avenir est également perceptible dans le domaine de la numérisation et des nouvelles technologies. Cependant celles-ci semblent être accueillies positivement dans le contexte de la préservation des habitats selon l’étude de BKW: Les technologies solaire et hydrogène, les solutions intelligentes d’économie d’énergie ou de nouvelles applications visant à améliorer l’efficacité énergétique permettent d’espérer une transition économique aussi douce que possible. En revanche, la transition numérique rapide accroît l’incertitude. «Il s’agit de trouver un moyen de relier de la manière la plus pertinente possible l’infrastructure numérique et la vie analogique», explique Christiane Varga.
Il reste toutefois à savoir dans quelle mesure cela se déroulera sans heurts au vu de la société très hétérogène et parfois aux agissements contradictoires. Les éclairages intelligents des voies publiques sont un exemple simple d’une telle application qui utilise les nouvelles technologies pour améliorer l’efficacité énergétique. Ils n’éclairent la nuit que lorsque la circulation et les passants et passantes en ont vraiment besoin. Cela permet d’économiser beaucoup d’énergie sans devoir renoncer au confort ou à un sentiment de sécurité accru, ce qui est largement accepté par la population. Dans le même temps, on obtient un autre effet secondaire réjouissant: la pollution lumineuse diminue.
«Aujourd’hui, on voit à peine un ciel étoilé la nuit», regrette Christiane Varga. De telles influences ont aussi engendré une certaine déconnexion avec la nature en de nombreux endroits. «Les solutions intelligentes telles que les éclairages des voies publiques intelligents sont en fait relativement simples et logiques, mais il faut d’abord y arriver», explique la futurologue et spécialiste des espaces de vie.
Plateforme pour l’innovation et un dialogue constructif
C’est là que l’initiative «Espaces de vie 2025» de BKW intervient. La plateforme, grâce à différents ateliers, permet une collaboration et un dialogue constructif entre l’économie, la science, la société et la politique. Des questions concrètes sur les espaces de vie de demain et leur aménagement y sont abordées sous différentes formes. L’échange entre les différents groupes d’interlocuteurs internes et externes doit servir de base à des approches de solutions innovantes et à de nouveaux projets. Il est prévu que les premiers progrès puissent être présentés d’ici 2025.
Il s’agit d’abord d’utiliser cet élan positif en faveur de la nature et de l’environnement, qui, selon l’enquête, est déjà présent et ancré dans notre pays, et d’inciter les gens à passer à l’action. «Les conditions sont en fait bonnes: les gens participent, sont intéressés et veulent changer les choses», explique Christiane Varga. Les plateformes d’impact telles que l’initiative «Espaces de vie 2025» devraient donc permettre d’obtenir de nombreux résultats positifs. En effet: «Il ne faut pas seulement se fier au fait que nos actions répondent aux idéaux, même si la prise de conscience des défis à venir est déjà largement ancrée en Suisse», explique Michael Hermann, directeur de Sotomo.