La région de l’Emmental est connue pour ses fermes pittoresques. Aux abords de ce paysage vallonné se trouve Hindelbank (BE), où a grandi Marlen Reusser, l’une des meilleures coureuses cyclistes de Suisse. La ferme dans laquelle elle a vécu appartient à ses parents, Samuel et Maja, qui y vivent encore. La triple championne d’Europe du contre-la-montre, vice-championne olympique de Tokyo en 2020 et plusieurs fois championne du monde par équipe y réside à nouveau depuis qu’elle a abandonné sa carrière de médecin pour devenir cycliste professionnelle en 2019. Le retour chez ses parents s’est fait pour des raisons financières: l’argent ne coule pas à flots dans le cyclisme féminin et il lui fallait donc faire des économies.
Depuis le 1er janvier 2025, Marlen, qui est arrivée deuxième lors de la Vuelta de cette année, roule désormais pour l’équipe espagnole Movistar et a donc déménagé en Andorre avec son partenaire et entraîneur Hendrik Werner. Pourtant, elle construit actuellement son nid en Suisse, pour l’avenir: «Quand je ne serai plus athlète de haut niveau et que je ne vivrai plus en Andorre, mon partenaire et moi aurons un endroit où vivre», explique-t-elle.

«J’avais cette idée en tête depuis de nombreuses années et j’en avais souvent parlé avec insistance à mes parents.»
Leur petit royaume se trouve dans une annexe de la ferme de ses parents. «Je transforme l’appartement, car il avait besoin d’être rénové. Il accueillait autrefois les trayeurs», raconte Marlen. «J’avais cette idée en tête depuis de nombreuses années et j’en avais souvent parlé avec insistance à mes parents.» Sa ténacité, qui est déjà l’un de ses points forts sur le vélo, a également porté ses fruits. «En fait, l’appartement est déjà presque une maison. Je pense que c’est un luxe considérable. Je n’arrive toujours pas à y croire!», se réjouit-elle.
Dans cette transformation, qui devrait s’achever en décembre 2025, une grande importance est accordée à la durabilité. «C’est une priorité pour moi», déclare Marlen. Cela n’est pas surprenant: depuis toujours, elle s’engage en faveur de la protection du climat et a déjà été membre de la présidence des Jeunes Verts de Berne. Il est donc logique qu’elle choisisse de produire elle-même son énergie sur son toit.

L’installation solaire est planifiée et installée par BKW, également sponsor de Marlen. Solstis Energy AG, une société du groupe BKW, en est responsable. «Le bâtiment est classé monument historique. Une installation intégrée dans le toit est donc notre seule solution», explique Jamin Spörri, responsable des ventes Home Energy. En d’autres termes: l’installation n’est pas fixée sur le toit, mais en est une partie intégrante.
Dans ce cas, il existe même une contrainte supplémentaire: «Normalement, là où aucune énergie ne doit être produite, nous installons des plaques en aluminium noir, appelées modules aveugles. Dans ce projet, il s’agit de modules aveugles ressemblant à des panneaux photovoltaïques. Ainsi, le résultat final est encore plus cohérent et visuellement attrayant.»
Tous les modules sont fabriqués en Suisse par l’entreprise 3S, à Thoune (BE). «Cette identité suisse convient parfaitement à Marlen, à Solstis et à la collaboration avec BKW», estime le spécialiste. Les pièces détachées qui composent les panneaux proviennent à 80% de Suisse. «Je trouve ça génial», déclare Marlen. «Il est important de faire attention à ce genre de choses en matière de durabilité.»
En outre, le transport est court, ce qui est également écologique. «Toutes les parties prenantes peuvent en être fières», estime Jamin Spörri. «La puissance totale de l’installation s’élève à 44,510 kilowatts crête et nous prévoyons une production annuelle d’environ 44’000 kilowattheures.»
Autre détail passionnant: Marlen Reusser et ses parents formeront un regroupement dans le cadre de la consommation propre (RCP). Ainsi, non seulement son appartement et la maison de ses parents seront alimentés en énergie solaire, mais trois autres appartements locatifs existants en bénéficieront, chauffage inclus. «L’installation photovoltaïque couvrira la majeure partie de la consommation propre du site et réduira l’empreinte carbone d’environ 80%.»
Un décompte simple est également assuré: «Nous proposons un modèle pour qu’il n’y ait aucun changement dans les modalités de facturation des parties prenantes et que les décomptes puissent être effectués correctement et de manière fluide», souligne l’expert.
Un accumulateur sera également installé dans la maison des parents. «Il aura une capacité de 20,7 kilowattheures et veillera à ce que la maison soit alimentée en énergie solaire, même la nuit», explique J. Spörri. Pour que tous les composants contrôlables de la maison puissent être intégrés de manière optimale dans le nouveau système énergétique, un système de gestion de l’énergie sera également installé. Marlen Reusser est séduite par ces solutions innovantes. «Je ne peux que les recommander à toutes les personnes qui rénovent», déclare-t-elle. Elle ajoute par ailleurs: «Il y a encore tellement d’espace libre! J’aimerais que davantage de gens osent franchir ce pas. Je suis très heureuse de pouvoir le faire avec BKW.»

Pouvoir faire le plein d’énergie à la maison est également important sur le plan émotionnel pour l’athlète de haut niveau: «Après les courses, j’apprécie beaucoup retrouver mon chez-moi. Je suis toujours entourée de personnes, alors que chez moi, je peux lâcher prise, je n’ai aucune règle à suivre.» Elle a actuellement besoin de toute la force et de tout l’enthousiasme qui la caractérisent pour le Tour de Suisse féminin, qui se déroulera du 12 au 15 juin. L’année dernière, elle a dû renoncer à y participer en raison de son COVID long. Un souvenir d’autant plus amer qu’elle a remporté avec brio cette course à domicile en 2023.
«J’ai déjà manqué le Tour de Suisse deux fois pour cause de maladie. C’est rageant! J’adore y participer. C’est un moment fort pour moi, surtout sur le plan émotionnel», ajoute Marlen. Elle se réjouit de faire découvrir le cyclisme à la population suisse, de le vivre et de le partager avec eux. «Cette année, mon équipe, qui n’a pas participé l’année dernière, sera bien sûr de la partie», ajoute-t-elle avec humour.
D’un point de vue sportif, l’accent sera toutefois mis sur le Tour d’Italie en juillet et surtout sur le championnat du monde en septembre. «J’ai déjà participé à de nombreux championnats du monde, mais je n’ai jamais gagné. Il est grand temps pour moi de remporter une victoire.»
La question de savoir ce qu’elle s’offrirait en premier si elle gagne l’amuse: «Si je gagnais, j’en serais extrêmement heureuse. Ce sera ça, ma récompense. Je n’ai besoin de rien d’autre. Bien sûr, ce sera aussi une bonne occasion de faire la fête. J’aime partager ma joie avec les autres.»