Si l’on regarde l’image de titre sans en connaître le contexte, on peut se dire qu’il s’agit simplement une snowboardeuse qui font une course! Ce que l’on ne voit pas sur la photo, c’est que Romy Tschopp est en fauteuil roulant. En effet, elle souffre des conséquences d’un dos ouvert. «Je suis née avec un spina bifida. C’est comme une paraplégie incomplète. Certains nerfs sont atteints, mais heureusement, pas entièrement.»
La jeune femme de 31 ans a donc beaucoup de mal à marcher, surtout lorsqu’il faut passer d’une jambe à l’autre. «Mais sur le snowboard, je peux "tricher"», ajoute-t-elle en riant. Des chaussures solides et des sangles situées au niveau de l’attache lui assurent un bon maintien. «Avec la partie la plus forte de ma musculature, je peux compenser ce que la plus faible ne parvient pas à faire.»
La première Coupe du monde de parasnowboard à Lenk
Malgré son handicap, Romy Tschopp se défend. En 2022, elle a été la première parasnowboardeuse suisse à participer aux Jeux paralympiques de Pékin. Elle est également deux fois vice-championne du monde. La première FIS Para Snowboard World Cup a eu lieu à Lenk en 2025. Romy Tschopp y était. «Je suis fière et heureuse que la première Coupe du monde de parasnowboard ait lieu en Suisse. C’est ce qu’il faut pour faire avancer le parasport. Dévaler les pistes de Lenk est toujours un grand plaisir.»
Romy Tschopp s’est renseignée sur le parcours dès le mois de novembre, lors d’un entraînement inclusif à Saas-Fee (VS) aux côtés de Sina Siegenthaler (24 ans). Originaire de l’Emmental, elle est l’une des meilleures snowboardeuses suisses du circuit classique. Elle a commencé sa carrière à Lenk et connaît ses montagnes natales comme sa poche. «Il y a quelques endroits clés. Dans le premier virage, tu dois prendre le plus de vitesse possible pour le suivant, car il devient plus plat», explique Sina à Romy. «En bas, tout est encore possible, car tu peux plus ou moins gagner de la vitesse jusqu’à la ligne d’arrivée. Cela donne lieu à des compétitions passionnantes!»

«J'ai du mal à marcher, surtout lorsqu’il faut passer d’une jambe à l’autre. Mais sur le snowboard, je peux "tricher".»
Son entraîneur est aussi peintre
Romy Tschopp est entraînée par Silvan Hofer (46 ans). Il travaille comme peintre chez BKW. Parallèlement à ce travail, l’entraîneur professionnel diplômé a constitué l’équipe paralympique suisse de snowboard et l’entraîne depuis 2017. Silvan Hofer a trouvé ce deuxième emploi presque par hasard. «On m’a demandé si je souhaitais enseigner le snowboard aux personnes malvoyantes lors d’un camp. Cela m’a tellement fasciné que j’ai commencé à travailler chez PluSport.»
L’organisation faîtière du sport-handicap suisse s’engage en faveur des personnes en situation de handicap et leur propose de nombreuses possibilités sportives et physiques. «Il y a cinq ans, en vue des Jeux olympiques d’hiver de 2022 à Pékin, Swiss Paralympics s’est demandé pourquoi il n’y avait pas d’équipe de parasnowboard dans le sport de haut niveau», poursuit Silvan. «C’est à ce moment que j’ai pris en charge le travail de préparation et d’entraînement.»

Comme il n’y avait pas encore de structures et que les moyens manquaient, Silvan Hofer était au départ bon à tout faire et très sollicité. «Je travaillais à 100% chez BKW et je devais réussir à tout concilier. Bien sûr, cela a eu un impact sur ma vie privée.» Il ne cache pas que ce dernier aspect l’a fait souffrir, mais ses sacrifices et son engagement ont porté leurs fruits sur le plan sportif: Romy Tschopp et Aron Fahrni se sont tous deux qualifiés pour les Jeux olympiques de Pékin en 2022. Même si Aron Fahrni n’a finalement pas pu être sur le départ, il est depuis devenu professionnel. «Cela signifie qu’il peut vivre du sport. Il est également le premier parasnowboardeur à avoir participé à l’école de recrues sport d’élite de Macolin (BE). J’ai pu l’accompagner.»
Seule ombre au tableau: Silvan Hofer a été testé positif au coronavirus à son arrivée à Pékin et a dû rester en quarantaine. «C’est horrible de tout donner pour ce résultat-là.» Heureusement, il était de nouveau en forme pour les courses.
Un employeur généreux
Depuis, Silvan a réduit son taux d’occupation chez BKW à 60%. Grâce à la flexibilité de son employeur, il peut travailler davantage en été qu’en hiver. Il dispose ainsi de plus de temps pour l’équipe de parasnowboard. «Je suis très fier de travailler pour BKW. Sans eux et mes supérieurs Anton Lötscher et René Hilbrand, le projet n’aurait jamais pu aller aussi loin. Ils ont toujours cru en moi et étaient là quand j’avais besoin d’aide.»
En cas de besoin, Silvan peut par exemple emprunter gratuitement un bus de BKW pour emmener ses athlètes à l’entraînement. «La location d’un bus coûte des milliers de francs pendant la saison. Cela nous permet d’économiser beaucoup d’argent et de préserver notre budget.» Un collègue de travail m’a également donné un coup de pouce au début. «Il a pris en charge tout l’entretien des snowboards, afin de me soulager.»
Depuis, Silvan n’a plus à tout faire lui-même. Deux techniciens, une physiothérapeute et une entraîneuse l’aident à encadrer les neuf athlètes. Trois des athlètes font toutefois partie de l’équipe néerlandaise. «Depuis la saison dernière, nous leur offrons des services de formation», explique Silvan. Ça se passe plutôt bien ainsi. «L’année dernière, la Néerlandaise Lisa Voss a été championne du monde. Tout le monde peut bénéficier de l’expérience des autres.»
Les formations inclusives font également progresser toutes les personnes impliquées. «Actuellement, l’un de nos athlètes s’entraîne avec l’équipe valide de snowboard pour la Coupe d’Europe. Parfois, des athlètes valides viennent nous voir à l’entraînement, pour se vider la tête ou reposer les pieds sur terre.»
Cet article a été réalisé en coopération avec Ringier. Photos : Marc Amann